Que faire quand on est au point mort ?

Dans l’écriture de chaque livre il y a un moment où je suis juste tentée de me coucher sur le bord de la route pour me laisser mourir, pas vous ? 

C’est le moment où je ne sais plus ce qui arrive ensuite, ce que veulent mes personnages, et pas non plus comment je m’appelle, ce que je voulais raconter, pourquoi j’écrivais un truc à la base, et tout un cocktail d’idées noires ou gris foncé qui viennent parasiter voire paralyser l’écriture. Bref, j’ai envie de laisser tomber, d’oublier toute cette hasardeuse entreprise, et de me laisser happer par les sirènes du futur projet, celui qui paraît plus fun et plus facile vu d’ici. C’est normal. 

Voici une ou deux choses que je me dis quand j’en suis là. 

1) Ne pas finir une histoire, c’est nul. 

Un livre n’existe pas tant qu’il n’est pas fini. OK, il sera peut-être mauvais, mais s’il n’est pas fini, c’est dix mille fois pire. 

2) Non, tu ne commenceras pas l’idée B, le projet C ou la saga Y tant que tu n’auras pas mis le point final à ce truc à la noix. 

(Parfois, je m’autorise quand même à écrire la nouvelle D ou le billet de blog E, comme vous pouvez le constater)

3) Remplissons les quotas. 

Le plus important, quand on est bloqué, c’est de se remettre en mouvement. Pour moi, c’est bête et méchant, mais si je me suis fixé un nombre de mots à écrire pour la session / le jour / la semaine / le mois, seul un cataclysme pourra m’empêcher de les produire. 

Le point 2 + le point 3 = des nouveaux mots sur le projet en cours (celui qui pose problème). 

À chacun de trouver ce qui le poussera à repartir. Il y a des gens qui marchent aux récompenses, aux to-do-lists, aux groupes d’entraide ou autres. Tout ça ne fonctionne pas sur moi. La seule chose qui puisse me faire avancer, c’est de me dire que les écrivains écrivent. Trouvez votre loi d’airain et tenez-vous-y.

4) Sans paniquer. 

Non, continuer l’histoire, ce n’est pas rajouter de la merde dans une bassine pleine de merde (pour parler net). Penser ça serait une attitude défaitiste plus létale encore que de s’arrêter. 

Premièrement, je n’ai pas écrit n’importe quoi jusqu’ici, j’ai fait du mieux que je pouvais. Deuxièmement, ce n’est pas parce que j’ai l’intention d’avancer que je me résous à revoir mes standards à la baisse à partir de maintenant. Je vais continuer à faire de mon mieux, c’est juste que je ne sais pas encore quoi ni comment. Mais… 

5) L’étape suivante = écrire la phrase suivante

Non, parce qu’un roman, c’est fait avec des phrases, donc si on arrive à toutes les aligner, après, le roman est fini. 

La piste qui m’a amenée jusqu’ici ne s’arrête pas comme ça au milieu de la pampa. Elle allait quelque part, il y avait des signes. En général, je relis les dernières pages ou les derniers chapitres, parfois je coupe la fin si je trouve que ça coince, et ensuite, en continuant sur ma lancée, je finis par trouver le panneau suivant. Et ensuite, roule poupoule, c’est reparti.

Voilà ce qui, en général, suffit à me sortir de là quand je m’embourbe. J’espère que ça marchera aussi sur vous.