Cette semaine, pas trop de problèmes avec le BuJo, sauf qu’il ne ressemble toujours à rien. Mais au moins j’ai des cases pour écrire les choses. Voici de quoi il avait l’air avant le début des hostilités, et suite à l’épisode précédent :
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Par contre, sur le versant du moins bien, je ne fais pas vraiment ce qui est écrit dans le BuJo. Je crois qu’en fait je m’en fous. Alors même que j’ai envie de m’organiser pour atteindre mes objectifs, je ne fais que répondre à quelques instincts simples.
Mode A : l’écriture, parce que c’est le plus amusant, je suis une « jeune » autrice, la meilleure chose à faire pour moi pour l’instant, c’est d’écrire plus de livres pour me perfectionner, m’amuser, et offrir plus de possibilités à mes lecteurs.
Mode B : la panique. Que faire de tous ces manuscrits ? J’ai une couv, un livre, j’ai même un pitch, qu’est-ce que j’attends exactement pour appuyer sur le bouton ? Pourquoi je ne prends pas telle ou telle décision financière qui semble s’imposer ? etc.
D’où mes désirs récurrents d’organisation, parce que la panique n’est pas un état agréable, il faut donner un peu de forme à tout ça, et c’est un job pour une partie de moi qui est un peu désorientée en ce moment.
Ce matin, l’autrice américaine Kristine Kathryn Rusch a publié sur son blog un billet qui m’a parlé, ici. Je vous le recommande si vous vous posez les mêmes questions tarabiscotées que moi, ou si vous ne savez pas ce qu’est l’esprit critique et jusqu’où peut aller son action sur vos vies.
Bien sûr, tous les problèmes de création et d’organisation tournent autour de la tension entre esprit créatif (celui qui aime jouer, raconter, inventer) et esprit critique (celui qui est super pour vérifier, anticiper, organiser, démonter, freiner, bref critiquer en positif ou le plus souvent, si on ne se surveille pas, en négatif).
L’esprit critique est là pour nous protéger du tigre à dents de sabre, mais il vaut mieux le bannir de la création, ce n’est tout simplement pas sa place. Mais alors, que doit-on en faire ? Mon esprit critique est super-costaud. C’est un héritage de famille, c’est aussi une disposition analytique renforcée et surentraînée par des années d’études supérieures et de travail absurde en entreprise (pointer N-1, gommer toutes les aspérités d’un article pour le rendre présentable, faire valider des présentations powerpoint à des étages et des étages de hiérarchie coupeuse de cheveux en quatre, etc.). Le monde nous prépare plus à nous limiter et à nous auto-surveiller qu’à nous épanouir créativement.
Résultat, quand on se met à écrire, il faut parfois y aller fort pour museler cet esprit critique. Et moi, j’ai dû y aller de manière un peu musclée. Il y a quelques temps, j’avais même émis des désirs de meurtre à l’encontre de cet esprit critique, ce qui n’était certes pas très sympa de ma part.
Et si ce n’était pas une solution durable ? Si l’esprit critique était juste un collaborateur désagréable aux ressources précieuses bien que soigneusement cachées, qui ne demandait qu’à s’épanouir dans son taf comme tout le monde ?
S’il fallait que je lui trouve autre chose qu’une voie de garage pour l’occuper et le mettre à mon service ?
Bref. Je ne sais pas si vous avez ce genre de problèmes de management bizarres, mais si c’est le cas, je veux bien votre point de vue (et vos solutions) sur la question. Ça a l’air étrange comme ça, mais je pense que c’est un problème typique d’artiste.
Ce collaborateur grognon qui fait la grève, je ne sais tout simplement plus comment l’appâter. Qu’est-ce qu’il veut dans la vie ? De l’argent, des congés payés, une super promotion (ah, je le vois qui ouvre un oeil) ? Des crayons de toutes les couleurs, un rang de perles et son nom sur une plaque (mouais, ça pourrait l’intéresser) ? Un peu plus de reconnaissance (c’est sûr) ? Des cours de comptabilité ? Le droit d’écrire une série d’articles de non-fiction sur l’inévitable apocalypse ? Et comment je lui fais comprendre qu’il peut toujours courir, il n’obtiendra pas l’autorisation de fourrer son nez dans ma fiction ?
Voilà, un nouveau post de blog, et à nouveau beaucoup d’informations étranges et non sollicitées sur le fonctionnement d’une autrice oO Ne vous inquiétez pas, c’est normal et tout va bien. Bonne semaine <3