Je dicte ce billet sur mon téléphone, dans une application de dictaphone qui me permet de m’envoyer des mp3 par mail en deux clics. Quand j’arriverai à mon bureau, je le retranscrirai au format texte grâce à un logiciel de reconnaissance vocale, Dragon. J’adore travailler comme ça. Pourquoi ? Parce que si je reste assise à mon bureau, ma créativité devient vite inversement proportionnelle à mon tour de popotin, et bientôt, survient le cortège des inévitables TMS et… bref. Personnellement, j’ai envie de vivre vieille en bonne santé, et j’ai besoin de bouger. Par ailleurs, marcher m’agite le neurone et m’aide à réfléchir.
Avant, j’écrivais dans le métro, sur un écran si j’étais assise, et à la main dans un cahier si j’étais debout. En essayant d’oublier toutes les personnes qui pouvaient suivre par-dessus mon épaule la scène d’action ou la scène de galipettes que j’étais à coup sûr en train de foirer lamentablement. Maintenant, je travaille chez moi et je sors souvent pour dicter le premier jet d’un texte au milieu des pavillons de banlieue (et mes voisins en profitent tout autant).
La reconnaissance vocale a vraiment fait beaucoup de progrès et je recommande vraiment d’explorer cette option pour vous faire votre propre opinion et déterminer ce qu’elle peut vous apporter personnellement.
Acclimatation progressive.
Chacun a son expérience de la dictée et y trouve ses propres bénéfices. Les adeptes s’accordent surtout à dire qu’ils ont eu besoin d’un temps d’adaptation pour prendre en main cet outil et qu’il ne faut surtout pas se décourager. En ce qui me concerne, j’ai joué avec mon micro pendant au moins 5 ans avant de passer à la vitesse supérieure. Il existe, surtout en anglais, beaucoup de groupes Facebook ou de livres susceptibles de vous aider. Je ne peux pas en recommander, parce que je n’en ai lu aucun. J’ai juste mené mes propres tests.
J’ai commencé à dicter des textes de non-fiction — des dossiers un peu longs pour de la presse d’entreprise. Avec un micro, à mon bureau, pour retranscrire des notes que j’avais assez vues et que je commençais à trouver fastidieuses. ça va beaucoup plus vite !
On peut aussi retranscrire un manuscrit (un texte écrit à la main). C’est commode. Pour se familiariser avec la dictée, certains auteurs recommandent de s’entraîner en dictant des notes, ou ses plans de romans.
Enfin, dicter ses textes de fiction est une expérience très intéressante. Les plus fervents avocats de cette méthode ont tendance à affirmer que pour plus d’efficacité, il vaut mieux planifier ce que l’on va raconter. Ce sera peut-être votre cas (ce n’est pas le mien).
Ce que la dictée peut apporter à la fiction
Dicter permet d’écrire beaucoup plus vite, donc plus. C’est très intéressant quand on ne dispose pas de beaucoup de temps, ou par exemple, qu’on est régulièrement coincé dans sa voiture.
Dans mon expérience, la vitesse est aussi porteuse de bénéfices créatifs.
Mon problème quand j’écris est avant tout un problème de concentration. Ma résistance interne, même aujourd’hui, est tellement forte qu’elle tend à m’éjecter hors de mon histoire, de mon texte, toutes les cinq minutes, toutes les dix lignes. Je me suis rendu compte qu’écrire très vite ou dicter me permettait d’atténuer ce phénomène. Lorsque j’écris vite, je suis obligée de rester focalisée sur mon histoire, car je ne peux pas me permettre d’oublier ce qui vient de s’y produire. À ce niveau de concentration, je laisse mon esprit critique tousser dans la poussière pendant l’intrigue se déroule toute seule. Des rebondissements d’origine inconnue surgissent de manière totalement imprévue dans mes phares et l’histoire prend une autre dimension. Je trouve cela fascinant et très gratifiant.
Un autre bénéfice de la dictée pour moi réside dans la gestion du rythme. Celui de la parole s’approche de celui de la lecture, bien plus que la vitesse de frappe au clavier, même pour les dactylos de compétition. Plus j’écris lentement, plus le sens échappe au texte qui est trop sec, trop dense, et a besoin d’être étoffé pour redevenir plus fluide à la lecture. En dictant, je viens à bout ce problème. Si vous avez tendance à écrire trop court, cela vous aidera peut-être aussi.
Gérer les “dragonnades”
Bien sûr, à la transcription, Dragon commet des erreurs. Ce ne sont pas les mêmes coquilles qu’au clavier. Il y a des homophones, parfois des contresens plutôt exotiques. Il faut se relire et se corriger, cela prend un peu de temps. Si je découvre que le résultat est incompréhensible, je le jette à la poubelle et je recommence : j’ai perdu cinq minutes en tout et pour tout.
Lorsqu’il manque des détails, je les rajoute, un peu comme un peintre partirait d’une sous-couche pour lui superposer des nuances et des finitions. C’est un processus très différent de celui que j’utilise au clavier, mais tout aussi amusant.
Et vous ? Si vous avez recours à la dictée, que vous apporte-t-elle, et comment l’utilisez-vous ?