Auteurs, allez pitcher !

Pour ceux qui écrivent et qui s’auto-éditent, le Salon du livre sera l’occasion de présenter un livre au speed-dating d’Amazon. N’hésitez pas à vous lancer ! Vous n’êtes pas à l’abri d’une victoire.

Si vous avez encore des doutes, lire mon retour d’expérience de l’année dernière vous aidera peut-être à sauter le pas.  Le voici.

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LES 11 PHASES DU SPEED-DATING AMAZON (Mars 2017)

Sortir de son antre pour parler de son livre, c’est terrifiant, mais ça peut avoir des résultats heureux et inattendus. L’autre jour, j’ai décidé d’aller au speed-dating d’Amazon à l’occasion du Salon du livre. Je savais que sans ce prétexte, je n’arriverais jamais jusqu’à la porte de Versailles. Au final, ça s’est bien terminé et maintenant j’ai la chance de pouvoir lancer le premier tome de ma série fantastique dans d’excellentes conditions. Voici mes quelques impressions personnelles brutes de décoffrage, je vous les ressortirai l’an prochain quand vous serez tentés de vous défiler.

1) Le déni

  • Mon état d’esprit jusqu’ici c’était : j’ai écrit ce livre. C’est mon subconscient qui a tout fait. C’est pas urgent de le sortir. Je vais écrire les tomes 2 et 3, je les publierai coup sur coup. Je vais rester bien au chaud dans ma caverne encore un peu.
  • Cependant, tant que je ne sors pas ce livre, personne ne fera jamais connaissance avec ces personnages à part moi et mes excellents lecteurs-tests. Il parait que c’est dommage.

2) L’arrivée au Salon du Livre

  • Le stand Amazon : on peut s’installer tranquille et confortable pour lire les livres exposés. Il y a de l’ambiance. Tout le monde fait des selfies. C’est un peu comme Noël. Et c’est amusant, tout compte fait, de sortir de sa caverne.
  • Il se trouve encore des visiteurs qui demandent ce qu’est KDP, l’auto-édition, etc. Il faut croire que nous sommes encore loin d’avoir la part de marché que nous méritons (première nouvelle, je sais). Les gens d’Amazon qui répondent patiemment aux questions des visiteurs sont fichtrement pédagogues et patients.

3) La décomposition pré-pitch.

  • Cet état de chocottes avancées est plutôt partagé par tous les candidats. C’EST NORMAL. CE N’EST PAS UNE BONNE RAISON POUR DÉCLARER FORFAIT MAINTENANT.

4) Le comic relief.

  • Quand tu arrives devant ton jury et que tu dis « s’il vous plaît ne me mangez pas » et que Valérie Bel, Alice Quinn et Gabrielle Desabers te répondent « Ah si, nous, les candidats, on les dévore tous ». En tout cas je crois que c’est ce qui s’est passé.

5) Le pitch.

Je ne sais pas trop que conseiller… peut-être juste :

  • Portez un projet que vous aimez. Moi, quand j’ai un coup de mou, je pense à mon héroïne. Elle est 300 fois plus badass que moi. J’ai aussi une playlist pour ce livre sur Spotify et j’oblige ma famille à danser dessus.
  • N’essayez pas tant de résumer l’histoire que de dire ce qui est important, les “hooks”. Ce n’est pas la même chose. On ne peut pas résumer un livre de manière fidèle en 5 minutes, mais on peut donner envie. Quels sont les angles qui font pétiller l’histoire ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de l’écrire ? Qu’est-ce qui a plu à vos premiers lecteurs ? Faites la liste et priorisez.
  • Prévoyez un mot sur les rebondissements majeurs et sur la fin, il paraît que c’est important 😉
  • Respirez au moins une fois à mi-parcours. C’est bon pour le cerveau.
  • Moi je n’avais pas appris mon pitch par cœur, je voulais le raconter de personne à personne. C’était à moitié de l’improvisation (d’où le sentiment de décomposition avancée. Je ne recommande pas forcément).

6) Les délibérations du jury.

  • Je ne sais pas comment le jury s’y prend pour défendre tous nos livres, c’est un exercice méga-difficile. Respect !
  • Le stand Amazon au Salon du Livre, c’est quelque chose, je l’ai déjà dit ? Il y a plein d’auteurs indés autour. Ils sont TOUS gentils et abordables. L’ambiance est spectaculairement sympathique, même quand tu arrives de nulle part. Ne sois pas timide comme moi, va te présenter, discute avec les gens. Même sans le speed dating, même sans être distingué à la fin.

7) Le verdict.

Wait, what ?

8) Le dispositif Amazon

Voici ce qui était prévu cette année :

  • Présentation des livres dans la newsletter hebdomadaire de Kindle, pendant 2 semaines
  • Une push notification sur mobile.
  • Une mise en avant dans une bannière dédiée sur la page ebooks d’Amazon.fr
  • Une mise en avant dans une bannière dédiée sur la page ebooks indés d’Amazon.fr
  • Une offre éclair courant mai

9) Re-pitcher

  • C’est normal, les gens ont envie de savoir ce que c’est que ce projet qui a retenu l’attention du jury. D’ailleurs il va peut-être falloir en faire une habitude – ne pas sortir de la caverne sans être capable de présenter ses livres. Une bonne résolution à adopter pour 2017.
  • La photo. ça vaut le coup de s’habiller correctement, je dis ça comme ça. N’avoue pas ton âge. Ne livre pas ton noir secret de jouvence éternelle. Souris, sois poli(e), rappelle-toi qu’ils mangent tous les candidats.

10) Re-déni

  • Le syndrome de l’imposteur est un vrai truc (je croyais que c’était une légende urbaine). C’est très facile de penser : je viens de bénéficier d’un pur coup de chance, sans aucun lien avec la qualité littéraire de mon oeuvre, on ne va pas tarder à se rendre compte que c’est une erreur, etc. Merci à Valérie Bel et à C.C. Mahon de m’avoir sorti ces idées de la tête par leurs bienveillantes mises au point. Au passage, j’ai remarqué que, comme avec toutes les petites moulinettes néfastes, on pouvait très facilement décider de débrancher le syndrome de l’imposteur et de passer à autre chose. Finalement c’est comme les trolls, un signe que les choses avancent. Et la chance arrive parce qu’on va la chercher. Le syndrome de l’imposteur et moi allons donc vivre ensemble en bonne amitié & intelligence, à savoir que s’il l’ouvre il se prend un pain dans la face.

11) Au boulot

  • Je n’avais pas de couverture pour ce livre, c’était le facteur limitant pour lancer très rapidement à la suite du Salon. Je suis passée par 99designs. En postant un brief sur la plateforme en ligne, on récupère des propositions créatives qui viennent littéralement de partout sur la planète (et 24h/24). J’ai eu des affres. Trop noir, pas assez noir ? Petite fille, pas petite fille ? La vibe très vaguement YA de loin, c’est vraiment bloquant ? Au bilan : avec un brief décent, et beaucoup d’énergie, on peut avoir une couv très bien, peut-être un peu plus chère, mais en 3 jours voire moins (pas pour les âmes sensibles). Donc je recommande pour les charrettes. J’aurais préféré tester les différentes options plus largement, mais je manquais de temps et surtout je n’avais aucune…
  • Présence en ligne. Là, je pars de zéro – j’ai créé mon identité pour ce nom de plume dans le tramway en sortant du salon le dimanche soir. Il n’y a plus qu’à.
  • Le tome 2. J’ai vraiment hâte de me remettre à écrire, c’était compliqué ces derniers jours avec cette to-do list d’urgence. J’ai une première version courte (j’écris toujours trop court) et je dois développer, étayer rebondissements et sous-intrigues, etc. J’essaye de me fixer un objectif d’apprentissage à chaque roman. Cette fois, ce sera la gestion du rythme. Je voudrais conserver des trépidations thrilleristiques tout en laissant une demi-seconde de plus au lecteur pour respirer en chemin. Mais j’ai fait des progrès depuis l’écriture du premier tome, en vélocité et aussi grâce à la romance (si vous voulez VRAIMENT apprendre quelque chose, essayez d’écrire une romance). Alors, je suis optimiste.
  • Mieux planifier le reste de la série, affiner le plan de vol.

 

En conclusion sur le speed dating :

  • C’est une excellente expérience avec un double effet bénéfique : gagner au speed dating me met le pied à l’étrier (cf le dispositif Amazon qui devrait faire la différence), me donne la claque dont j’avais besoin pour vraiment soutenir mon bouquin. Et rencontrer tous à la fois les indépendants qui étaient là m’a fait un peu l’impression d’être absorbée comme par magie dans une communauté très soudée à laquelle je suis fière d’appartenir.
  • Si c’était à refaire je sortirais le livre dès qu’il est fini, ou en tout cas avant de le présenter. L’an prochain, je libérerai beaucoup plus de temps dans mon agenda pour le salon.

 

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