D’où est sorti Convoitise ?

Convoitise, le premier tome de ma série Sorcières & Chasseurs, paraît dans moins de 2 semaines chez Amazon Publishing (le 6). Pour fêter ça, je me suis amusée à essayer de me remémorer comment j’avais construit cette histoire, tout au début. Voici ce dont je me souviens.

Ça s’est déclaré dans les transports en commun parisiens, comme beaucoup d’idées de romans, en tout cas pour moi. J’ai gribouillé une recette, une tambouille de sorcière qui rappelait un peu celles de Harry Dresden dans la série de Jim Butcher, avec cette magie symbolique dont les ingrédients évoquent des événements de la vie, des sentiments ou des intentions. Mais c’était beaucoup plus noir.

Ma sorcière était une jeune Parisienne, futée, coriace et un peu sauvage. Elle se cachait dans un bar, en plein mois d’août pendant la canicule, traquée mais pas vraiment innocente. Elle savait qu’un chasseur voulait son foie, et pour terrifiant que ce fût, elle considérait que c’était dans l’ordre des choses.

(WTF)

Pourquoi diantre ??

À force de me poser la question et d’émettre des hypothèses tordues, j’ai fini par trouver des explications. Le portrait des sorcières, puissantes et nuisibles, s’est complété par strates successives. Une autre idée s’est présentée – que la magie soit une drogue, sans que ses addicts aient vraiment le choix de s’en sevrer : elle s’engrange sous votre peau jusqu’à vous transformer en bombe humaine, mortellement dangereuse pour votre entourage. Cette idée-là est sûrement un sous-produit de l’allaitement. À cette époque-là, ma fille était encore bébé. Les gens qui ont produit du lait et écrit des livres sauront de quoi je parle, de cette accumulation d’énergie qui peut devenir gênante si on n’en fait pas rapidement quelque chose 🙂

Je me rappelle avoir eu un peu de mal à trouver un mot pour désigner cet influx magique encombrant et ses effets secondaires désagréables : la grouille.

Pour une sorcière disposant d’une magie politiquement correcte, ça restait gérable. Mais si elle n’avait accès qu’à de la magie noire, néfaste et indésirable, le dilemme moral devenait intéressant. Je me suis donc retrouvée avec cette héroïne qui était bien obligée de travailler en opérant un tri très discutable entre les gentils et les méchants — ni un monstre, ni un enfant de chœur.

Ensuite, deux autres personnages ont fait leur entrée, l’homme et la petite fille. Il leur a fallu un moment pour évoluer. La gamine, Dita, a pris de l’importance en devenant un enjeu pour la sorcière quand j’ai cherché à donner une structure plus simple, plus lisible à l’histoire. Hyper débrouillarde et coincée entre sa singularité de petite sorcière et son envie d’être une enfant normale, elle s’est mise à débiter toutes sortes d’histoires préoccupantes. Elle avait clairement des problèmes (survivre dans la rue n’était même pas le plus grave) et besoin d’être adoptée.

Et en face, ma sorcière qui voulait aimer mais ne pouvait que détruire.

Puis le grimoire de Leila s’est imposé : Convoitise, un livre vraiment douteux avec des objectifs propres et une fâcheuse tendance à vouloir répandre le talent magique de manière virale. Les problèmes de Leila ont vraiment commencé et elle a entraîné l’homme, Arthur, dans sa chute.

Le chasseur… je crois qu’il est né directement sur le papier, sujet-verbe-complément. À chaque dialogue il devenait plus flippant.

Quant à Iris, la sœur disparue, je ne sais plus exactement d’où elle est sortie. Il fallait que ce soit une histoire de deuil. Apparemment, les hallucinations sont un motif dans ma fiction, au même titre que les SDF ou les cannibales. M’en parlez pas. Je suis la première à en être perplexe. Parfois, les esprits des écrivains sont comme des vieux greniers où la dernière ampoule vient de claquer. Dans Hybris, mon héroïne, une ado perturbée, abrite tout un chœur antique sous son crâne après avoir été droguée par un individu mal intentionné. Donc Leila s’en sort plutôt bien 😊 façon de parler.

Vouala. Ensuite, j’ai continué, parce qu’on ne pouvait pas les laisser comme ça. Quelque chose clochait gravement dans leur monde et Leila n’était pas du genre à se laisser impressionner.