Je vis de ma plume et je travaille à la maison plus ou moins depuis 2004, avec une vague pause de quelques années salariées autour de 2010. Je pense pouvoir affirmer que j’ai fait toutes les bêtises possibles et imaginables. Puisque nous voilà en grande majorité scotchés à la maison, j’ai essayé de lister quelques-unes de mes perles de sagesses (hah).
Ça ne parle pas de l’école à la maison, désolée 🙂 je ne suis pas ninja d’école à la maison, et j’ai la chance d’avoir des super maîtresses et des enfants plutôt autonomes, donc ça se passe un peu tout seul, à part pour les questions incessantes sur le passé simple, les COD ou les tables de multiplication, et les plaintes régulières sur la qualité des stylos.
En revanche, voici quelques idées plus générales, en espérant qu’elles vous seront utiles.
Non, vous n’aurez pas le temps de faire tout ça.
C’est la première chose qu’on constate quand on devient totalement maître de son temps : en dépit de toutes les meilleures intentions, les journées continuent à faire 24 heures seulement. C’est normal de ne pas traiter tout ce qu’on avait remis à plus tard, vu qu’on l’avait remis à plus tard pour une très bonne raison, principalement, on n’avait pas vraiment l’intention de le faire. Ça ne va pas changer comme par magie avec le confinement. Donc pas la peine de se coller la pression avec une to-do liste de malade. Tacler deux gros chantiers par jour, c’est déjà inespéré. Un ou un demi, c’est bien. Corollaire :
Tout est dans les priorités
Fais le truc important tout de suite : ça, ça ne change pas, voire même, ça prend un tour plus dramatique encore à la maison avec toutes les distractions supplémentaires. Le truc que tu fais en premier, tu as encore une chance d’arriver à le faire. Le reste… ça dépendra si tu as très, très envie de l’accomplir, ou pas.
Un journal plutôt qu’une to-do list : suivre les flux de la pensée
Les frontières entre le privé et le professionnel, entre la meute et l’individu, ont volé en éclats. Tout est sur le même plan, mélangé. Ce n’est pas forcément grave, on peut s’en sortir comme ça aussi (ce que savent déjà beaucoup de femmes, by the way). Dans mon expérience, écrire un commentaire au fil de l’eau de sa journée permet de surfer ce maelström en conscience, sans paniquer et sans perdre les pédales ou tomber dans une transe de rangement, de bonbecs, de Netflix ou de n’importe quoi. Je ne sais pas trop comment ça marche, mais ça marche. Et ça empêche de saouler les « collègues ».
Il faut aussi admettre que si vous êtes soudain saisi.e d’un besoin impérieux de faire un Marie Kondo sur votre placard, ça veut peut-être dire que votre subconscient a un truc à réfléchir et qu’il vous envoie trier vos chaussettes pour ne pas vous avoir dans les pattes. Parfois ça fait gagner du temps : quand on retourne à son bureau, la note s’écrit toute seule ou la décision se prend comme une évidence, et le tiroir à chaussettes est rangé en prime. Le cerveau marche de manière parfois mystérieuse.
Le journal aide à garder des traces de ce cheminement qui peut être tortueux, et permet même de tirer des conclusions intéressantes sur son propre fonctionnement. Et si vous profitiez de cette période pour en apprendre plus sur vous ?
La santé est stratégique, et ce n’est pas une parole en l’air.
Plus de trajet pour aller au taf, plus de restaurant à midi, plus de raisons de s’habiller : il ne s’agit plus juste de choisir l’escalier plutôt que l’ascenseur ou d’opter pour la salade parce qu’on veut rentrer dans son bikini quand viendront les congés annuels. Le combat se joue maintenant à un autre niveau. La tentation est forte de vivre exclusivement dans sa tête et de pratiquement oublier qu’on a un corps.
Il faut absolument s’organiser, sinon ça peut devenir gore très très vite. Il faut incorporer du sport et de la cuisine à son circuit automatique, sinon on est MORT. C’est comme ça. Ça ne sert à rien de résister à cette idée. Personnellement je fais le sport au réveil même si ce n’est pas le moment idéal pour moi. Et je bouge régulièrement quand je travaille. Par chance avec le coronavirus le moment où mes enfants pètent une durite coïncide généralement avec le moment où ils ont faim (quelle surprise !) et alors je leur propose un cours de cuisine, faisant d’une pierre trois ou quatre coups, vu qu’en prime les cours de cuisine, en vrai, ce sont des cours de maths-physique-chimie.
Des statistiques de productivité
Ça, c’est pas mal quand on a envie de progresser. Personnellement je tiens un fichier excel pour suivre ma propre productivité d’autrice. Le truc, c’est de bien définir l’indicateur de performance individuelle qu’on a envie de regarder i.e. de bien cerner son objectif et de le traduire par les indicateurs de mesure adaptés. Il faut un circuit de feedback vertueux et une réflexion évolutive pour que ça serve à quelque chose. En ce moment, j’ai un jeu de chiffres que je suis pour ma production de nouvelle fiction, et un autre pour les publications. Sans mes chiffres, je travaillerais moins / moins bien, et mes revenus mais aussi mon art en seraient négativement impactés. C’est prouvé. Et puis c’est toujours bien d’avoir un compte-rendu d’activité d’une précision maniaque à opposer à son chef ou à son propre esprit critique quand ils se mêlent de nous critiquer. On n’a pas besoin de ça en plus !
Une activité pour débrancher à coup sûr à la fin,
puisqu’il n’y a plus de délimitation claire entre les temps et les espaces de loisirs et de travail. Je vous dirais bien d’aller travailler dehors pour la journée ou d’aller faire un tour pour vous changer les idées, mes trucs habituels, mais… pas possible. Il faut un espace d’évasion mental pour faire une coupure, c’est la seule solution.
Moi, c’est la fiction. Lire ou regarder un film est la solution la plus rapide et efficace pour amener mon cerveau à lâcher prise et à oublier tous les problèmes. Mais chacun sa came. Yoga ? Méditation ? Bain moussant ? Puzzle ? Orgasme ? Jardinage ? Musique ? Trouvez la vôtre et cultivez-la. Je ne recommande pas les drogues dures ou douces, l’alcool ou le sucre : ça ne marchera pas.
Vouala mes quelques trucs de base. J’espère que ça vous aidera. Vous avez d’autres suggestions ? N’hésitez pas à les partager.