Je lis beaucoup, mais je n’ai pas de mémoire. Ne me demandez pas ce que j’ai lu hier. Je ne sais plus vraiment. Je lis à peu près 2 à 5 livres par semaine. Je m’enthousiasme pour tout et n’importe quoi. Heureusement, maintenant, je peux télécharger des extraits. Je lis presque exclusivement en numérique. Si j’achetais tous les livres papier qui me passent par la tête, le ménage serait sur la paille et la surface habitable de l’appartement serait réduite à 5 mètres carrés, juste de quoi mettre les lits des enfants et la machine à laver.
Ce n’est pas bien, parce qu’il faut soutenir les librairies indépendantes. C’est bien, parce qu’il faut soutenir les auteurs et que la forêt n’est pas très jouasse quand on la transforme en papier. En plus je suis allergique à la poussière. Au final, j’adore les livres papier, mais ce n’est pas sacrosaint pour moi.
Une fois l’enthousiasme passé, l’extrait téléchargé sur ma liseuse, j’oublie, bien sûr, la logique qui m’a poussée vers ce livre. J’erre en faisant défiler les couvertures qui ne m’évoquent plus rien. Donc au final, je choisis un livre au pif. Si l’extrait me plaît, je continue. J’achète le livre quel que soit son prix, dans les limites du raisonnable. Le vrai prix, à ce stade, c’est mon temps et mon énergie.
Lire, c’est un refuge, c’est une source. C’est là que je vais puiser quand je suis au bout du rouleau. Il y a une procédure de reboot très claire : 1) lire 2) dormir 3) écrire et ensuite, c’est bon, vous pouvez me parler à nouveau sans danger pour vous. Je lis toute une journée, ou deux jours, ou trois. Ça s’arrête quand ça s’arrête. Je lis comme une junkie, je dors deux heures par nuit pendant une semaine parce que ça me fait plus de bien de lire que de dormir. Puis j’émerge en me sentant un peu coupable d’avoir laissé le temps s’écouler sans moi, et probablement changée par ce que je viens de lire.
Bref, je lis comme une furieuse depuis que j’ai cinq ans et ça a tout structuré chez moi, j’ai un léger strabisme lié à ma position de lecture favorite, je peux vous dire dans quelles conditions, à quelle époque j’ai lu n’importe lequel de mes livres, et si je n’ai aucun souvenir de l’intrigue, je sais si c’est un souvenir agréable ou pas. Ça filtre directement vers le subconscient, c’est la lecture indiscriminée et vorace qui m’a appris ce que j’avais le plus besoin de savoir sur l’écriture. On a tous un petit ordinateur dans la tête qui recalibre en permanence les données qui nous intéressent.
Pendant quelques années, j’ai complètement arrêté de lire. J’étais informaticienne, puis ensuite journaliste économique, deux faux métiers d’écriture. Je crois que j’avais arrêté de lire de la fiction parce que c’était trop douloureux de mesurer l’écart entre mon gagne-pain et la chose pour laquelle mon cerveau était manifestement construit (les histoires). Du coup, je crois que je préférais encore fonctionner comme un zombi, sans rien sentir. C’est revenu après, il y a treize ans, quand j’ai décidé d’écrire pour de vrai, de tout mettre dans la balance, de finir des romans, de devenir « pro » (pour ceux qui ont lu Pressfield).
Je lis surtout de la littérature générale, du fantastique, de la science-fiction et de la romance, parce que ce sont mes genres préférés et ceux dans lesquels j’écris, en mélangeant souvent un peu tout. Et de l’horreur. J’aime aussi les polars et dans une moindre mesure les thrillers mais je les évite, pas parce que je n’aime pas ça, mais parce que ça m’arrangerait de ne pas avoir soudain envie d’en écrire. J’ai déjà assez de problèmes comme ça à rester concentrée sur 2-3 genres. Et je n’aime pas les conventions actuelles, c’est beaucoup trop noir pour moi. Les histoires d’enlèvement ou de meurtres d’enfants qui sont partout me terrifient tellement que je ne peux pas continuer, j’arrête à la page 5. Je crois que c’est pour ça que l’antagoniste de Convoitise, qui est tout de même un serial killer, est incapable de s’en prendre à un gosse, alors qu’il fait preuve d’une morale vraiment extensible par ailleurs.
Et vous ? Comment lisez-vous ?